Expérience en vogue depuis quelques années, le volontourisme semble séduire de plus en plus d’adeptes. En cause, des entreprises peu scrupuleuses, profitant de contextes locaux fragiles pour y développer de véritables business, autour de pseudo-projets solidaires. Echo Solidaire vous éclaire sur ces pratiques peu consciencieuses.
Le terme volontourisme contracte deux mots, volontariat et tourisme. Il est donc assez simple de comprendre son objectif : profiter de ses vacances et découvrir un pays, une culture et une population, tout en participant à des projets de développement locaux. Présenté comme l’expérience d’une vie, beaucoup de personnes s’engagent sans véritablement se rendre compte de la face cachée de telles expériences. Manque de transparence des organisateurs ou absence de prise en compte de l’impact par les volontaires ? Les deux y sont pour quelque chose.
Altruisme, exotisme et voyeurisme

Participer à une mission de volontourisme c’est « vivre une expérience unique ». En témoignent les retours quasi similaires des volontaires pour qui cette expérience a considérablement changé leur vie et sur tous les plans. Beaucoup d’adeptes de cette pratique sont des jeunes qui profitent de leurs vacances pour vivre cette expérience, renouer avec des valeurs humaines et par la même occasion, ajouter une ligne de plus à leur CV. Soyons honnêtes, il est mieux vu d’avoir fait du volontariat dans un orphelinat au Togo que d’avoir passé ses vacances dans la maison de campagne familiale. Une telle expérience laisse à penser que l’on va au-delà de ses limites, que l’on n’a pas peur de se retrouver dans un environnement hostile ou de faire abstraction de son confort. Acte d’altruisme ? Pas vraiment, puisqu’ici l’objectif est clair, combler un vide, un besoin de se retrouver ou monter en compétences. Les réelles motivations de l’engagement sont donc à éclaircir, les volontaires souhaitent-ils apporter leur aide pour favoriser le développement local ou souhaitent-ils participer à l’expérience d’une vie ?
S’ajoute à ce flou, une attitude propre à de nombreux volontaires, celle de se prendre en photo en pleine action. On ne compte plus les comptes instagram où défilent photos et vidéos de volontaires aidant fièrement de pauvres petits orphelins. Le compte Barbie Savior l’a bien compris et tourne en dérision ces comportements. On y voit Barbie mise en scène dans plusieurs situations et tout y passe, école, orphelinat et centre de santé. Cela peut faire sourire mais soulève un vrai questionnement, la misère du monde est-elle une attraction ?

De vrais faux projets ?
Travailler dans le monde humanitaire requiert des compétences et de l’expérience, faire du volontourisme ne demande rien. L’absence de préparation et la multitude de missions proposées en sont la preuve. Ces dernières sont d’une durée très courte et répondent bien souvent au souhait des volontaires. Ils peuvent choisir d’intervenir dans des projets d’éducation, en donnant des cours d’anglais à des enfants défavorisés, et ce sans aucune qualification, ou en recouvrant d’une fresque le mur d’une école que d’autres volontaires avant eux ont déjà peint. Ces situations sont clichées mais malheureusement réelles. Les volontaires, armés de leur motivation et de leur bonne conscience, défilent et répètent les mêmes tâches, persuadés que cela fera la différence.
Tout cela engendre plus de mauvaises conséquences que de changements positifs. L’autonomisation des populations n’est pas privilégiée, le développement de l’économie locale non plus. Les volontaires vont mêmes jusqu’à se substituer aux ressources locales car ils représentent une main-d’œuvre gratuite comme l’explique dans sa vidéo, Carnet de Bord – Humanitaire.

Une machine à sous
La solidarité est-elle devenue un business ? Oui, et les organismes qui proposent ce type de séjour l’ont bien compris. Bien qu’elles se présentent comme des structures favorisant le développement, ce ne sont ni des associations, ni des ONG mais bel et bien des entreprises ayant comme principal objectif de réaliser des bénéfices. Sans le vouloir ou sans s’en rendre compte, les volontaires participent à un véritable business. Le coût moyen d’une mission d’une à deux semaines peut avoisiner 2 000 €, sans prendre en charge le billet d’avion aller/retour, le visa ou l’assurance voyage. Ce tarif peut très vite grimper en fonction du pays, de la mission et de la durée. Autant dire que les volontaires doivent débourser une somme conséquente pour ce qui est censé être du bénévolat. Pour aller plus loin, dans un numéro inédit d’Envoyé Spécial « Avec les meilleures intentions du monde » diffusé en 2017, Chloé Sanguinetti, spécialiste du volontourisme, a enquêté sur des organismes présents au Cambodge. Très vite, elle souligne la gestion financière douteuse des sommes versés par les volontaires et la véracité de leurs utilisations dans les projets concernés.
Pour ces nombreuses raisons, le volontourisme semble être une pratique peu éthique et ne propose en aucun cas de solutions durables sur le long terme. Si l’envie de s’investir dans un projet de solidarité internationale persiste, Nous vous recommandons le guide pratique Partir pour être solidaire de Ritimo qui vous sera d’une grande aide. Les futurs volontaires y trouveront les réponses à de nombreuses interrogations dont une très importante : faut-il absolument partir à l’étranger pour s’investir dans un projet solidaire ?
Crédits images : Pixabay