La violence sexuelle à l’encontre des femmes est un problème de santé publique global, rencontré autant dans les pays développés que dans les pays en voie de développement. Quel type de prise en soins/charge à offrir pour les victimes des violences sexuelles ?
La violence sexuelle: un thème sensible, trop souvent sous-estimé mais qui reste un problème de santé publique globale et spécifiquement dans plusieurs pays en voie de développement. Le traitement médical des victimes de violence sexuelle reste une étape importante de la prise en charge globale.
Un problème qu’il faut comprendre
L’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) a définit la violence sexuelle comme :
« Tout acte sexuel, tentative pour obtenir un acte sexuel, commentaire ou avances de nature sexuelle, ou actes visant à un trafic ou autrement diriges contre la sexualité d’une personne en utilisant la coercition, commis par une personne indépendamment de sa relation avec la victime, dans tout contexte, y compris, mais sans s’y limiter, le foyer et le travail ». [1]
En explorant la définition de l’OMS, la violence sexuelle comprend :
- Le viol conjugal ou commis par un compagnon
- Le viol commis par des inconnus ou des connaissances
- Les avances sexuelles ou le harcèlement sexuel
- L’esclavage sexuel et le viol systématique (en particulière dans les conflits armées)
- La violence sexuelle vers des personnes handicapée (mentale ou/et physique)
- Le mariage forcé ou l’héritage de l’épouse
- Le viol, viol collectif et tentative de viol.
L’ampleur du problème est difficile à définir : beaucoup de victimes ne rapportent pas la violence aux institutions (police ou structure de santé). Selon l’OMS, 35% de femmes révèlent avoir été exposée à des violences physiques ou sexuelles. Et 38% des décès de femmes sont causés par les partenaires intimes. Les hommes et les mineurs sont aussi victimes des violences sexuelles [1 ;2].
Aperçu général de la prise en charge médicale
La prise en charge médicale est un aspect important pour les victimes de violence sexuelles. Celle-ci est principalement basée sur la prévention de certaines maladies et de la grossesse non désirée [3]. Le délai dont la victime a accès aux soins médicaux est aussi un enjeu important sur le type de prise en charge médicale. On peut distinguer trois catégories :
- Les victimes venant avant 72 heures (ou trois jours)
- Les victimes venant entre 72 heures et 120 heures (de trois à cinq jours)
- Les victimes venant après 120 heures (après 5 jours).
- PEP: Prophylaxie post-exposition pour le VIH. Traitement préventif de 28 jours, généralement utilisation de deux types d’antiviraux (par exemple : TDF/3TC avec Atazanavir/Ritonavir).
- Pilule d’urgence : Méthode contraceptive d’urgence (par exemple : levonorgestrel). Naturellement, les enfants et les hommes ne sont pas éligibles pour ce traitement.
- Prévention IST : Prévention des infections sexuellement transmissibles. Ensemble d’antibiotiques pour couvrir plusieurs infections sexuelles (par exemple : ceftriaxone et azithromycin)
- Vaccin hépatite B : Autre maladie sexuellement transmissible qui nécessite la prévention via la vaccination.
- Vaccin tétanos : Le risque des blessures en cas de viol étant très élevé, la prévention du tétanos fait donc aussi parti de la prise en charge médicale.
<72 h | 72 h – 120 h | >120 h | |
PEP | ✔ | ||
Pilule d’urgence | ✔ | ✔ | |
Prévention IST | ✔ | ✔ | ✔ |
Vaccin Tétanos | ✔ | ✔ | ✔ |
Vaccin hépatite B | ✔ | ✔ | ✔ |
Lors du premier contact, l’évaluation des blessures et leurs soins est une étape à affronter avec beaucoup de sensibilité. Selon la gravité des blessures, une intervention spécialisée est nécessaire (chirurgie). Un dépistage pour le VIH et l’hépatite B est proposé lors de la première consultation avec la victime : selon les résultats, il sera nécessaire d’adapter le traitement. La prise en charge et les médicaments à utiliser doivent être basée selon le protocole national.
Les suivis médicaux, le soutien et le suivi psychologique, ainsi que l’accompagnement légal sont tous des aspects de la prise en charge globale de la victime de violence sexuelle.
En dernier, et non sans importance, la sensibilité et la confidentialité sont la première étape pour une prise en charge de qualité [3].
Photographies : Lisa Merzaghi
Sources :
[1] http://www.who.int/mediacentre/factsheets/fs239/fr/
[2] http://www.who.int/violence_injury_prevention/violence/world_report/en/chap6fr.pdf
[3] http://apps.who.int/iris/bitstream/handle/10665/204236/WHO_RHR_14.26_fre.pdf?sequence=1