Urgence ou développement ? Deux courants aux enjeux différents.

Le terme « humanitaire » fait traditionnellement référence à toute action d’association ou d’ONG permettant d’apporter une assistance immédiate ou de répondre à une crise. Il est plus juste de regrouper ces interventions sous la bannière d’action d’urgence ou de développement, deux courants qui répondent à des enjeux différents.

L’action face aux besoins

L’assistance apportée aux populations en détresse varie en fonction des besoins identifiés. Une population prise dans l’étau d’un conflit armé nécessite une aide différente d’une population souhaitant développer son agriculture. C’est à partir de cette différence que l’on distingue deux types d’ONG, les ONG dite d’urgence et les ONG de développement. S’agissant des premières, elles interviennent dans un environnement de crise fortement instable – conflit armé ou catastrophe naturelle – pour répondre à des besoins vitaux. Leurs interventions sont marquées par un déploiement rapide des ressources – 48h à 72h. Les secondes sont quant à elles présentent sur le long terme et proposent des programmes de croissance et d’autonomisation. Elles appuient leurs interventions sur un principe : il faut s’attaquer aux causes et non pas aux conséquences. Ce sont ces ONG qui contribuent au développement des sociétés.

Les ONG bénéficient d’un fort capital sympathie auprès de la population, elles sont souvent perçues comme porteuse d’espoir face aux catastrophes. Toutefois ce sont les ONG d’urgence qui sont les plus populaires auprès du grand public. Leurs interventions en temps de crise sont régulièrement mises en avant dans les médias et leurs campagnes de récolte « choc » fédèrent de nombreux donateurs.

Crise et post crise

La fréquence et l’intensité des crises à amener les ONG d’urgence à s’éterniser sur le terrain, n’ayant d’autres choix que de pérenniser leurs actions pour soulager les souffrances des populations en détresse. On est passé d’un mandat à court terme à une présence sur plusieurs années qui crée une dépendance des populations face à l’aide apportée. Lorsque la catastrophe est enfin maitrisée et terminée, on passe d’une situation de crise à post-crise où les populations entrent dans une phase de reconstruction. Après de nombreux mois, voire de nombreuses années d’assistanat, comment se retirer sans laisser des populations à peine remises de la catastrophe ?  Comment assurer une transition et avec quels acteurs ? Ce sont autant de questions auxquels il faut répondre rapidement car les besoins des populations sont toujours présents.

Phase de transition

La transition entre la gestion de l’urgence et le déploiement de programme de développement est un processus complexe car le risque de faire perdurer l’assistanat est réel. Cette transition passe par un cycle dynamique de réhabilitation des populations, des ressources mais aussi des acteurs locaux. Le but étant de mettre en place des conditions propices au rétablissement de la société et des ses services. Cela suppose une étroite collaboration entre les acteurs de l’urgence et du développement, dans la limite des mandats de chacun. Ces programmes de développement doivent assimiler les résultats de l’aide d’urgence et prendre en compte le facteur risque de possible catastrophe – naturelle ou humaine – en tentant d’y répondre quand celui-ci est maitrisable. Cette co-gestion permet de passer de la réactivité à la prévention, de l’insécurité à la maitrise des risques permettant ainsi de gagner en complémentarité et en efficacité.

L’urgence et le développement se différencient par des objectifs et des procédures différents, cela allant jusqu’à l’utilisation d’un vocabulaire propre à chaque contexte. Cette distinction permet de mieux identifier le cadre d’intervention et les réponses à apporter, ce qui rend l’aide plus ciblée et donc plus efficace. Cette différenciation a également permis l’émergence de spécialités – assainissement, nutrition, agronomie – et de corps de métier – logisticien, fundraiser – permettant la professionnalisation de ce secteur.

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