[Portrait] Philippe Randin, directeur de Nouvelle Planète

Aujourd’hui, notre rencontre se déroule avec Philippe Randin, directeur de l’Organisation de Solidarité Internationale Nouvelle Planète, basé à Lausanne en Suisse. Il nous parle de son parcours et de sa vision de la solidarité internationale.

Nouvelle planète est une organisation à but non lucratif qui soutient des initiatives locales (en Afrique, Asie et Amérique latine) et favorise l’autonomie des populations sur le long terme. L’OSI propose aussi des voyages d’entraide qui permettent de faire découvrir nos différents projets et de sensibiliser.

Dites-nous Philippe, quand avez-vous fait vos premiers pas dans le domaine de la solidarité internationale?

Déjà avant de terminer l’université, j’avais participé à des actions de jeunesse et bénévolat. Je suis parti au Gabon dans un hôpital pour écrire des articles, même si je ne viens pas du monde médical.

En 1994, une fois mes études de sciences politiques achevées, j’ai fait un voyage avec un ami aux Philippines. A ce moment-là, je faisais aussi du bénévolat dans une association suisse: on travaillait en lien avec une fondation pour écrire des articles, faire des photos entre-autres.

Suite à cette expérience, je suis arrivé à Nouvelle Planète.

Quelles autres expériences avez-vous vécues dans le domaine de la solidarité internationale?

Je travaille donc depuis longtemps pour Nouvelle Planète. J’ai eu la chance de voyager et de me rendre compte de l’impact de nos projets dans les pays où l’on intervient comme le Burkina Faso, le Sénégal, la Guinée, l’Ouganda, l’Amazonie, Madagascar et le Vietnam.

Quelles sont vos plus grandes satisfactions dans votre travail ?

Je pense que la plus grande satisfaction dans mon travail, c’est de voir les bienfaits et l’impact de nos travaux: d’une petite idée, d’un petit projet, peut naître quelque chose de grand avec des répercussions importantes qui va concerner de nombreuses personnes.

Pouvez-vous nous donner quelques exemples?

Il y a 30 ans au Burkina Faso, dans la province de Yatenga (au nord du pays, à quelques heures de route de la capitale), on a amorçé un petit projet en lien avec le maraîchage (culture des végétaux à usage alimentaire). Désormais dans la province, 80% de la population travaille dans ce secteur.

Toujours au Burkina Faso et au Sénégal, nous avons soutenu un projet d’apiculture: à ce jour la production de miel a augmenté, les structures se sont agrandies et comptent de nombreux employés. Ce n’est pas uniquement un point positif pour l’homme, car l’apiculture permet aussi de protéger les arbres (pour les fleurs). En Guinée, la transformation agricole dans les villages a permis d’améliorer l’économie régionale. Et pour terminer, je tiens à vous parler de notre projet en Amazonie : depuis 33 ans notre projet a permis de sauvegarder une surface de forêt aussi étendue que la Suisse! Nous soutenons des projets en faveur des peuples indigènes de la région: c’est eux qui définissent les priorités d’action. L’ONU a d’ailleurs reconnu cette méthode comme l’une des plus efficaces.

Après tous ces résultats et satisfactions, quels aspects négatifs pouvez-vous évoquer ?

Deux aspects me dérangent un peu plus ; le premier est plus d’ordre administratif: rédiger des documents, monter des dossiers parfois très longs, défendre les projets… tout ça est primordial pour la recherche de fonds, mais ce n’est pas la partie la plus plaisante du travail.

Le deuxième, c’est l’aspect humain: certaines personnes peuvent avoir un impact négatif ou trop positif et influencer ainsi l’avancement d’un projet; et c’est plutôt frustrant.

Vous avez fait des formations spécifiques pour travailler dans le domaine de la solidarité internationale?

J’ai fait des études en sciences politiques, puis je me suis formé dans la gestion de projets et celle liée à la qualité (ISO 9000). Le bénévolat c’est aussi une très bonne école.

Quels conseils donneriez-vous à une personne qui souhaite se lancer dans le domaine de la solidarité internationale?

Je conseille déjà de commencer par du bénévolat avant de songer à en faire son métier. Participer à un voyage d’entraide, à une action de bénévolat, chantiers de jeunes… ça permet ainsi de connaître les différentes organisations et également de se faire connaître. Le secteur est très attractif, et la concurrence est rude: énormément de gens veulent travailler dans le domaine de la solidarité internationale.

Je pense que ce n’est pas tant nécessaire de faire trop de formations techniques, mais plutôt de travailler l’aspect humain

Je pense que quelqu’un qui se forme trop et qui après ne trouve pas forcément de travail dans l’immédiat peut se sentir vite frustré. Je pense que ce n’est pas tant nécessaire de faire trop de formations techniques, mais plutôt de travailler l’aspect humain comme le contact, être à l’aise avec les autres (surtout avec des gens de différentes cultures), le respect et l’adaptation à autrui… c’est un travail qui ne convient pas forcément à tout le monde.

Les formations dans le domaine social sont plus intéressantes pour aborder les métiers de l’humanitaire, et des études post bac sont possibles. Un autre atout important c’est la connaissance et maîtrise des langues étrangères, notamment l’anglais et le français, mais aussi l’espagnol. Ça permet d’ouvrir des portes.

Philippe, une anecdote sympa à nous partager?

Difficile de choisir: l’accueil des bénéficiaires de nos projets nous réserve parfois des surprises auxquelles on ne s’attend pas, comme la nourriture qui est différente… mais voilà : une fois j’ai été accueilli dans un village et en tant qu’invité d’honneur j’ai dû tuer le coq pour le repas, mais le couteau ne coupait pas très bien ! Les gens me regardaient bien sûr, et moi je ne savais pas comment réagir au début. Mais finalement tout s’est bien passé.


Crédit photo : Philippe Randin

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