En 2019, malgré les efforts, les nombreux cas de mutilations génitales féminines persistent.

200 millions de femmes et de filles dans le monde ont subi l’une ou l’autre forme de Mutilations Génitales Féminines, appelées aussi « MGF ». C’est le chiffre impressionnant publié par l’ONU à l’occasion de la journée mondiale de tolérance zéro à l’égard des MGF (#EndFGM). Considérée aujourd’hui au niveau international comme une violation des droits des femmes et des filles, la pratique des MGF est encore largement répandue dans de nombreux pays, malgré les efforts mis en œuvres par d’innombrables OSI et programmes onusiens. Sur le terrain, la discussion autour des MGF reste elle aussi très sensible, discrète et parfois tabou.

Des facteurs culturels, religieux et sociaux

Les mutilations génitales correspondent à différentes formes d’ablation totale ou partielle, des organes génitaux externes de la femme. Elles peuvent aussi être associées à d’autres types de lésions génitales. Les MGF sont surtout pratiquées chez des jeunes filles et même des enfants (de 4 à 15 ans). Selon l’OMS “plus de 200 millions de jeunes filles et de femmes sont victimes de mutilation sexuelles pratiquées dans 30 pays africains et du Moyen Orient (…) ainsi que dans certaines communautés d’immigrants en Amérique du Nord et en Europe”.
Dans la plupart de ces pays, la majeure partie des filles ont été excisées avant l’âge de 5 ans.

Les MGF sont un problème complexe qui inclut plusieurs dimensions : culturelles, sociales, économiques et religieuses.

L’Organisme de Solidarité International Plan International précise que dans de très nombreux cas : “l’excision fait partie d’un rituel traditionnel de passage à l’âge adulte pour les filles âgées à peine d’une quinzaine d’années, âge auquel elles sont censées se marier”. Une problématique rajouté à d’autres traditions, telles que le mariage forcé et le mariage des mineurs.

Les MGF sont aussi liées à de nombreuses croyances autour de la femme, comme par exemple le fait que cela renforcerait leur virginité et permettrait d’avoir des comportements sexuels plus responsables. Selon une autre croyance, dans certaines régions les hommes vont épouser une femme mutilée car elle serait plus “propre”.
Ces croyances sont bien ancrées dans certaines communautés et sont transmises de génération en génération. Elle en deviennent très souvent, une véritable norme sociale. Même si souvent liées à une communauté, les MGF sont aussi établies au sein même du cercle féminin : les mutilations faites aux filles, sont dans la majeure partie des cas, réalisées par les grand-mères de la même famille.

Le lien systématique avec les religions est cependant difficile à effectuer. Il varie selon les régions et les communautés. Certains leaders religieux encouragent ces pratiques, d’autre font opposition. On retrouve cependant les cas de MGF aussi bien dans les religions chrétiennes, musulmanes que juives.

Classification et impacts

Selon l’’OMS, les MGF se classent en 4 catégories :

  • Type 1 : Clitoridectomie, ablation partielle ou totale du clitoris.
  • Type 2 : Excision, ablation partielle ou totale du clitoris et des petites lèvres, avec ou sans excision des grandes lèvres.
  • Type 3 : Infibulation, rétrécissement de l’orifice vaginal par recouvrement, re-positionnement des petites ou grandes lèvres par suture, avec ou sans ablation du clitoris. La désinfibulation c’est la re-ouverture de la cicatrice vaginale.
  • Type 4 : Autre intervention, tout autres interventions néfastes au niveau des organes génitaux à des fins non médicales.

Les conséquences sur la santé des femmes sont évidemment multiples, certaines dangereuses et avec un impact définitif sur la santé de la femme. Les complications immédiates, après la mutilation, peuvent se manifester par des hémorragies, des infections, des douleurs fortes et des rétentions urinaires. De plus, si le geste n’est pas fait par une personne expérimentée (soit dans la majorité des cas), des lésions d’autres organes peuvent survenir. En plus des multiples lésions et du risque d’infection, la probabilité de décès est aussi présente.

Les possibles complications à long terme, toujours accompagnées d’importantes douleurs, sont elles aussi variées: abcès, kystes, risque d’absence de cicatrisation, dysurie et dysménorrhées (difficulté à évacuer les urines ou les menstruations), incontinence urinaire, dysfonctionnement sexuel et complications en lien avec la grossesse et l’accouchement.

Souvent pratiquées dans des communautés ou des populations reculées, il est encore difficile pour les OSI d’accéder aux femmes victimes de ces pratiques et de parler ouvertement du sujet.

Les impacts sur la santé psychologique et la vie sociale de la femme sont également fréquents : l’anxiété, la dépression, la perte de confiance en soi et l’exclusion de la société sont des effets très souvent associés. Les conséquences au niveau physique et mentale de la femme la positionnent encore plus dans une situation de fragilité et de vulnérabilité, avec très peu de possibilité d’appel à l’aide (d’autant plus pour les jeunes filles).

Droit des femmes

Au niveau international, les MGF sont reconnues comme une violation des droits des femmes et des filles. La Déclaration Universelle des Droits de l’Homme rédigée en 1948 et par la suite la Convention Internationale pour la protection des droits de l’Homme, ont acté la nécessité d’éliminer toutes formes de discrimination à l’égard des femmes. Le protocole de Maputo, daté de 2003, vient s’ajouter à la Charte Africaine des droits de l’Homme, pour compléter les droits des femmes en Afrique.
L’article 5, section B, met en avant les MGF: “interdire par des mesures législatives assorties de sanctions, toutes formes de mutilation génitale féminine, la scarification, la médicalisation et la para-médicalisation des mutilations génitales et toutes les autres pratiques néfaste

Aujourd’hui, quasiment tous les pays d’Afrique ont signé et ratifié ce protocole. 3 pays seulement ne l’ont pas signé, 15 l’ont signé mais pas encore ratifié.

Plusieurs OSI et groupes des Nations Unies sont très impliqués dans la lutte contre les MGF (UNICEF, OMS, UNFPA, Plan International, World Vision…), mais un travail de longue haleine est encore nécessaire pour favoriser plus de discussions autour de ce sujet au sein même des populations.
La chanson et le clip du chanteur Tiken Jah Fakoly « Non à l’excision » sont souvent utilisés pour véhiculer les messages de prévention au sein des communautés.


En lire plus :
http://www.un.org/fr/events/femalegenitalmutilationday/
http://www.endfgm.eu/

De Lisa Merzaghi

Infirmière pédiatrique spécialisée en médecine tropicale et aide humanitaire

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