Dans le sud de la Grande Île, plus d’un million de Malgaches souffrent actuellement de la faim. Dans les régions d’Androy et d’Anôsy, la situation est particulièrement critique. Le kéré, signifiant famine en malgache, est une situation que le pays connaît ponctuellement pendant la période de soudure. Mais l’épisode de cette année est particulièrement alarmant en raison de différents facteurs s’ajoutant au changement climatique. Et l’on peut craindre que la situation ne s’aggrave d’ici au mois d’octobre 2021. Face à une crise alimentaire aiguë, les travailleurs humanitaires se mobilisent.
La pénurie de nourriture liée au réchauffement climatique
À l’évidence, le changement climatique et l’intensité des sécheresses de ces quatre dernières années ont eu pour corollaire l’apparition d’une crise alimentaire d’une gravité nouvelle. Le manque de nourriture a déjà fait de nombreuses victimes parmi les enfants. Et selon les données, près de 120 000 d’entre eux pourraient se retrouver en état de malnutrition aiguë d’ici décembre 2021.
Pourtant, le kéré est une situation à laquelle les habitants de Madagascar sont confrontés chaque année. En effet, la période sèche s’étend d’avril à octobre. Durant cette saison, la soudure marque l’intervalle se situant entre la précédente récolte et la nouvelle moisson. Entre-temps, les populations vivent des provisions amassées les années précédentes.
Or, il n’est que de constater d’année en année les bouleversements causés par le réchauffement climatique.
L’épuisement des nappes phréatiques dû à une pluviométrie au plus bas depuis fin 2020 a entraîné un manque d’eau pour les cultures et un accès restreint à l’eau potable pour les hommes favorisant la propagation des maladies.
Les terres, ainsi ravagées par la sécheresse et le pullulement des criquets, ne nourrissent plus les populations qui voient leurs stocks s’épuiser. Acheter des vivres ailleurs devient donc une urgence. Mais, au moment où le secteur touristique est durement frappé par la pandémie de Covid-19, des milliers de travailleurs saisonniers se retrouvent au chômage. Dès lors, l’inflation des prix et la baisse du pouvoir d’achat des ménages plongent des millions de Malgaches dans une extrême pauvreté.
Le GRET répond à l’urgence
D’après l’ONU, Madagascar est le premier pays au monde à souffrir d’une famine engendrée par le réchauffement climatique. Parmi les ONG présentes à Madagascar, le GRET en collaboration avec l’Association kéré et grâce à une forte mobilisation des habitants de l’île de la Réunion, a lancé en octobre 2020 une nouvelle Opération kéré.
C’est en 2007 qu’un premier élan de solidarité avait permis de faire face au stress hydrique des populations malgaches. Lors de cette première Opération kéré, plus de 50 000 personnes avaient pu bénéficier d’un accès à l’eau potable grâce à la construction de 64 citernes. Le GRET avaient également réhabilité 11 bassins d’eaux pluviales. Pour autant, le manque de pluie en 2020 n’a pas permis le remplissage de ces infrastructures.
Lors de cette seconde Opération kéré, le GRET, présent sur la Grande Île depuis 20 ans, a mis en place des distributions d’eau et de nourriture. L’aide alimentaire, couvrant 50% des besoins nutritionnels des familles, se concentre plus spécialement sur les enfants de moins de 5 ans, vulnérables à la malnutrition. Quant à l’eau, elle est distribuée parmi les habitants ou bien elle est stockée dans les citernes construites précédemment.
Par ailleurs, le GRET, en s’associant avec Action contre la faim, a déployé des activités de dépistage de la malnutrition et une prise en charge de plus de 2000 enfants sur une trentaine de fokontany (villages) dans le sud du pays.
Outre le soutien apporté aux résidents touchés par la sécheresse et la pénurie alimentaire, le GRET propose des solutions à long terme pour aider les populations face à la crise. En association avec le Centre Technique Agro-écologique du Sud (CTAS), l’ONG aide les agriculteurs à produire leurs propres subsistances en utilisant des techniques agro-écologiques adaptées au contexte local. Ces méthodes d’agriculture durable visent à renforcer la résilience des populations en matière de nutrition et d’accès à l’eau potable.
Malgré l’intervention de plusieurs acteurs de la solidarité internationale tels que le PNUD, ACF ou le PAM, la situation nutritionnelle dans le sud de Madagascar demeure préoccupante. Les pertes agricoles sont désormais trop importantes et les provisions des habitants sont épuisées. Afin de limiter l’impact environnemental et humain, les ONG appellent à un renforcement de l’aide internationale.
Sources :
La sécheresse provoque une crise humanitaire à Madagascar (actioncontrelafaim.org)
De l’urgence au développement, le Gret déploie sa stratégie face à la crise alimentaire dans le sud de Madagascar – Gret
De nouvelles contributions pour lutter contre le kere dans le sud de Madagascar – Gret
Crise alimentaire à Madagascar : «La situation est très critique» – Libération (liberation.fr)