La secousse a retenti à 4h17 du matin dans la ville de Kahramanmaraş, puis, le chaos. Un double séisme a secoué l’Est de la Turquie et la Syrie lundi 6 février. Les séismes sont fréquent dans cette région cependant, les deux pays n’étaient pas prêt d’en accueillir d’une magnitude 7,8.

Éric Zipper, président du Corps Mondial de Secours – USAR depuis 2012, témoigne : « Quand on était à Malatya on nous a confié deux immeubles qui se sont effondré en s’entremêlant les uns et les autres sur lesquels on a travaillé toute une journée. Il fallait arrivé à pénétrer dedans. L’un des immeuble était supposé vide, puisqu’après le premier tremblement de terre les gens étaient déjà dans la rue. Et par acquit de conscience, on a fait le tour de ce deuxième immeuble, il y avait un endroit où je pouvait rentrer à plat ventre, et quand je suis rentré, j’ai avancé de quelques mètres, j’ai fait des appels, j’ai tapé pour voir et il m’avait semblé entendre des coups discrets. En criant plus fort j’ai entendu vaguement une voix au loin. J’ai prévenu et on a commencé à dégager à d’autres endroits, là j’ai pu rentrer à l’endroit où j’ai effectivement entendu des voix et j’ai vu, derrière un amoncellement de briques, une main qui bougeait. C’était un jeune de 26 ans qui était revenu pour charger son portable à l’intérieur. Il s’est fait prendre par le deuxième tremblement de terre. On a réussi à le sortir, il était en hypothermie mais en bonne santé, pas blessé rien du tout. Donc ça vraiment, c’est notre essence, quand ça nous arrive, et ça n’arrive pas souvent après un séisme comme celui-là, atteindre et extraire une victime comme ça, c’était vraiment un moment très émouvant. Ça dure très peu de temps puisqu’après l’homme est parti à l’hôpital, vous n’avez pas son nom, vous ne savez pas qui c’est, vous savez juste que ce jour-là vous lui avez sauvé la vie. C’est un peu pour ça qu’on s’entraine et qu’on fait ce boulot là ».
Evoluer dans des paysages cauchemardesques

Depuis lundi 6 février, des milliers de secouristes du monde entier sont sur le terrain pour prêter main forte aux organisations qui tentent de dégager des monceaux de briques et d’extraire des victimes. L’ONG française Corps Mondial de Secours – USAR (CMS-USAR) a débarquée dès le lendemain du séisme. Le mardi 7 février à 7h Éric Zipper atterri en Turquie à Malatya avec une équipe restreinte, avant d’être rejoint quelques jours plus tard par une équipe plus complète. Au total, ce sont 14 bénévoles constitués de médecins et infirmiers urgentistes, de techniciens de catastrophes et de binômes cynotechniques, qui ont apporté leur aide dans la ville de Kahramanmaraş « Ici, on est à deux minutes à pieds du paysage le plus cauchemardesque qu’on puisse voir. C’est un des endroits où, quand nous sommes arrivé, il y avait très peu d’équipes de secours et un travail de dingue. Donc jusqu’à présent on n’est pas allé cherché plus loin puisqu’on était déjà là tout de suite, à l’endroit où tout a commencé » explique Éric Zipper. Sur place, les secouristes sont à la disposition des autorités turques et l’armée travaille à leur côté pour retrouver un maximum de survivants dans les décombres de la ville retournée.
« Au début, la ville était saturée de voitures avec les moteurs qui tournent la nuit, il y avait des feux de partout pour se réchauffer, c’était une vraie fourmilière » raconte Éric Zipper. À présent, le président de l’ONG explique que l’atmosphère s’est apaisé. En effet, il y a quelques immeubles dans lesquels les habitants peuvent continuer de vivre. Certaines personnes ne veulent pas partir, ils veulent rester près de leur bien, près de leur maison écroulée en espérant pouvoir allé chercher des choses à l’intérieur. « On sent bien que la ville est beaucoup plus calme, il y a beaucoup moins de monde, ils sont plus agités certes, mais il y en a moins qu’au début » conclut Éric Zipper.
Agir au plus vite après un séisme
Les missions des bénévoles du Corps Mondial de Secours – USAR sont de repérer et extraire les victimes ensevelis et leur permettre d’accéder aux premiers soins, mais aussi de remonter les informations pour les unités de secours qui vont agir après. « Nous on agit les 10 à 15 jours après le séisme pour dégager les gens qui restent, après c’est la reconstruction, nous on est là pour les sauver. » ajoute Éric Zipper. Après ce laps de temps, d’autres équipes suivent avec un autre travail, reloger des familles, distribuer de la nourriture, faire de l’eau potable etc. Pour le CMS-USAR, le retour de l’opération était prévu le 19 février, mais au vu des quelques tensions avec la population, l’équipe a avancé son départ au 16 février : « les familles ne comprennent pas, certains pensent encore qu’ils ont des proches encore en vie, et même s’ils savent qu’ils sont morts, ils ont envie de récupérer les corps, ils n’ont pas envie de les laisser dans les gravats, c’est ça aussi qui avec le chagrin, la douleur, le froid, la faim, fait que qu’il ne faut pas grand chose pour que ça parte, mais ils n’y peuvent rien, ce n’est pas de leur faute ». Le CMS-USAR va donc faire ses bagages et laisser place aux équipes suivantes.

Aujourd’hui, on dénombre 33 179 morts en Turquie et en Syrie, le bilan ne cesse de s’alourdir. Plus que jamais, les associations sur place telle que le CMS-USAR, qui a fêté il y’a quelques mois ses 50 années d’existence, ont besoin de soutien financier afin de pouvoir répartir et continuer de former des équipes sur place ainsi que s’équiper en matériels de pointes pour promouvoir la mission et récolter des fonds, trouver des mécènes.
Le Corps Mondial de Secours – USAR, comme beaucoup d’associations, existent uniquement grâce aux donations. Les équipes sur place sont entièrement constitués de bénévoles qualifiés. Donc plus que jamais, ces organisation ont besoin de bras et de soutien financier afin de pouvoir répartir et continuer de former des équipes sur place ainsi que s’équiper en matériels de pointes pour promouvoir la mission et récolter des fonds. « Autant on parle de nous quand on est sur le terrain, autant les mois où heureusement il n’y a pas de catastrophes, on n’intéresse personne. » conclut Éric Zipper.
Pour soutenir l’ONG : http://corpsmondialdesecours.fr/WordPress3/soutenez-nous/
Crédits image : Corps Mondial de Secours – USAR